Carac'Terre : Joanna et la protection de la vie sauvage
Chez Tomojo, les animaux c'est notre dada ! Mais nous ne nous arrêtons pas aux chiens et chats, la protection de la vie sauvage et des animaux domestiques ou non est également un des piliers de nos engagements. Aujourd'hui, on vous fait rencontrer Joanna qui a dédié sa carrière à la protection de la faune et de la flore.
Peux-tu te présenter et nous raconter ce que tu fais au quotidien ?
Je suis économiste de formation et cela fait plus de 30 ans que je travaille dans le secteur du développement et de l’environnement. J’ai rejoint en 2013 l’association Fauna and Flora International (FFI) où je dirige le département des partenariats de protection de la vie sauvage. Je travaille sur des sujets transverses tel que le financement des programmes de protection de la nature et la relation avec les entreprises, les industries extractives et les infrastructures, les paysages agricoles etc.
Au quotidien, je travaille sur 3 projets majeures à travers le monde qui tentent de rassembler des communautés locales et des organisations afin de préserver les paysages pour la faune, la flore et les personnes qui en dépendent localement et globalement.
Je suis également membre du groupe consultatif sur le commerce illégal des espèces sauvages de DEFRA (Departement for Environment, Food and Rural Affairs au UK).
Peux-tu nous donner un exemple de projet sur lequel FFI travaille ?
Le Libéria est une source clé et un pays de transit pour le commerce illégal d'espèces sauvages (InternationaI Wildlife Trade) en Afrique de l'Ouest. Dans la capitale du pays, Monrovia, les marchés sont des pôles commerciaux et les frontières internationales poreuses permettant un trafic transfrontière facile et non réglementé. Des animaux sauvages tels que les chimpanzés et les perroquets Timneh sont capturés dans la nature pour le commerce des animaux de compagnie et de divertissement, les éléphants de forêt sont chassés pour leur ivoire, dont la plupart est destiné à l'exportation, et les pangolins et autres animaux sont ciblés pour la demande nationale, régionale et internationale de viande sauvage.
Depuis 2016, FFI travaille avec des partenaires pour mettre en place un sous-comité national d'application de la loi afin de favoriser une meilleure coordination dans la mise en œuvre de la loi sur la faune au Libéria. Jusqu'à présent, FFI et ses partenaires ont aidé les agences nationales à développer une stratégie nationale de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages, commencé à collecter des données sur l'étendue du trafic et renforcé les réseaux de préservation de la faune, menant à des poursuites plus fructueuses contre les contrevenants.
Peux-tu nous en dire plus sur ton enfance et ton parcours ?
Quand j’étais jeune, nous vivions aux États-Unis avec ma famille et pendant les vacances nous avions la chance de découvrir de nombreux parcs nationaux. Cela m’a sensibilisé à la nature et m’a fait découvrir la notion de liberté.
Pendant mes études, je me suis orientée vers l’économie car j’avais des facilités en maths et j’étais très intéressée par les sciences politiques. A l’époque, je savais que je voulais travailler dans le secteur du développement, plus que l’environnement.
Comme je n’avais pas assez d’expérience pour rejoindre ce secteur directement après mes études, j’ai décidé de travailler en tant que banquière d'entreprise puis consultante en stratégie chez BCG. C’était un environnement stimulant mais au bout d’un certain temps je trouvais que définir une stratégie mondiale pour le lancement d’une marque de glace était un peu trop éloignée de ce que je voulais faire en termes de mission à impact.
J’ai donc décidé de rejoindre ERM et d'appliquer mes compétences au secteur de l'environnement. J’ai travaillé à Londres et à Jakarta, sur des missions très intéressantes pour l'UE, le DFID et la Banque mondiale entre autres. En 1994, j’ai suivi mon mari qui avait une opportunité professionnelle au Kenya, et j’ai été recruté par PWC à Nairobi pour diriger un projet de la Banque mondiale sur la thématique de la vie sauvage.
J’ai ensuite décidé de rejoindre le secteur des ONG, car je voulais avoir plus d’impacts à une échelle locale. J’ai travaillé pendant plusieurs années pour la African Wildlife Foundation dont la mission est de protéger la faune en danger en Afrique avant de rejoindre FFI.
On aime bien la thématique de l'alimentation chez Tomojo : quel était ton mode d'alimentation quand tu étais plus jeune ? Et celui de maintenant ?
Très honnêtement j’ai été élevé en mangeant des céréales très sucrés le matin, des ‘baked beans’ et saucisses le week-end avec la dose occasionnel de spaghetti bolognaise. Mon alimentation a énormément changé pendant ma vingtaine quand je suis devenue beaucoup plus consciente de ce que j’achetais à manger. Ma philosophie c’est de consommer des ingrédients frais, locaux et que je cuisine moi-même. Je n’ai que récemment commencé à réduire ma consommation de viande.
Mes enfants ont adopté une alimentation quasi sans viande bien avant moi, je pense que c’est une question d’habitude, j’avais vraiment l’impression que mon corps était en demande de protéines animales. De plus à la campagne où j’habite je peux acheter de la viande locale de bonne qualité donc je me sentais moins concerné par les problématiques de viande d’élevage intensive.
Quels sont tes gestes quotidiens envers la planète pour réduire ton empreinte dans ta vie quotidienne ?
J’essaye de prendre l’avion le moins possible ; surtout maintenant que la technologie nous permet de travailler à distance. La pandémie a réellement révolutionné la façon dont les grandes organisations travaillent, c’est un aspect positif de cette crise au moins. Chez FFI, nous avons la chance d’avoir des collaborateurs déjà sur place au plus près de nos projets donc nous n’avons pas besoin de recourir à beaucoup de voyages à l’international.
Je suis aussi impliquée avec ma communauté locale : je suis actionnaire de notre ferme de panneaux solaire. Sinon je fais pousser un potager, je conduis de manière consciente et le moins possible. Quand je pourrai me le permettre financièrement je m’achèterai une voiture électrique.
Comment vois-tu les choses en termes de climat ?
En termes de climat je suis remplie d’espoir plutôt qu’optimiste. Les grandes entreprises sont très engagées en amont de la Cop de Glasgow pour essayer d’atteindre les objectifs de l’article 6 de l’Accord de Paris mais les gouvernements nationaux n’arrivent pas à se mobiliser suffisamment. La montée du nationalisme est en train de faire échouer l’effort collectif nécessaire pour le climat.