Des chiens pour détecter le cancer du sein : le projet KDog

Les chiens ne cesseront jamais de nous épater. Après les chiens sauveteurs nous avons décidé de vous présenter les chiens qui détectent les tumeurs.

C’est un projet (pas si) fou mené à l’Institut Curie. Publiés en 2017, les résultats sont impressionnants et plus qu’encourageant.  

 

La naissance du projet KDog

Nommé KDog, ce projet naît en 2009, suite aux travaux de recherche d’Isabelle Fromantin, docteure en sciences et infirmière, qui concluent que le cancer du sein dégage des odeurs indétectables pour l’homme.

L’objectif de ses recherches était de trouver s’il existait un moyen de dépister plus facilement les cancers du sein, responsables de 14% de l’ensemble des décès chez les femmes en 2012. Il faut savoir en effet que le cancer du sein atteint également les habitantes des pays en développement. Or, ces pays n’ont pas ou très peu d’accès à des méthodes de dépistage du cancer.

Le défi du cancer est donc de développer des méthodes de dépistage précoce, non invasives et accessibles à tous et à toutes. Et c’est dans ce souci de rapidité et d’équité qu’est né le projet KDog.

Restait maintenant à savoir comment détecter les odeurs émises par les tumeurs…

L’odorat ultra performant des chiens

Deux méthodes de détection des odeurs sont envisagées par Isabelle Fromantin : la chimie et le flair des chiens. En effet l’odorat des chiens est 100 000 à 1 million de fois plus sensible que l’odorat humain, lui permettant de distinguer et de mémoriser des odeurs spécifiques dans des concentrations très faibles de matière. Et après comparaison, il se révèle plus efficace que la méthode chimique !

Un chien dressé pourrait donc reconnaître l’odeur caractéristique des tumeurs, tout comme ceux qui reconnaissent l’odeur des explosifs.

Dressage et dépistage

Afin de dresser les deux bergers Malinois sélectionnés pour le projet, Thor et Nykios, des échantillons ont été récoltés sur des femmes volontaires, atteintes ou non d’un cancer du sein.

Les 130 participantes se sont vu remettre après une consultation à l’Institut Curie un kit KDog composé d’un savon sans odeur, de lingettes de coton et d’un bocal.

Après s’être douchée avec le savon sans odeur, la volontaire doit dormir avec une lingette sur chaque sein, qui absorbera la sueur contenant éventuellement l’odeur caractéristique de la tumeur.

Les échantillons sont ensuite envoyés au centre de dressage. Disposés en une ligne de 4 cônes, les échantillons sont analysés par le chien. Il renifle chaque cône dans lequel se trouve la lingette, puis il s’arrête devant celui où se trouve la lingette « infectée ». Un jeu permet de récompenser le travail du chien.

Après cette phase d’apprentissage les chiens ont été testés et les résultats sont très encourageant : au premier passage le taux de réussite est de 90,3% et au deuxième passage ce taux est de 100% ! 

KDog : un projet innovant, une démarche solidaire

L’objectif principal du projet KDog est de proposer un dépistage précoce, fiable et facile.  C’est pourquoi ce projet est Open Source afin d’être reproductible gratuitement.

De plus ces méthodes simples et non invasives permettraient de dépister les personnes en situation de handicap, ne pouvant notamment pas se tenir debout et immobiles, comme il est nécessaire de faire pour réaliser une mammographie. Elles permettraient également d’étendre le dépistage aux pays en voie de développement.

Et c’est grâce aux dons du grand public que toutes ces recherches ont pu être réalisées. Il s’agit ainsi d’un projet « pour les gens et avec les gens ».

 

Désormais, les chercheurs de l’Institut Curie se penchent sur l’éventuelle possibilité d’appliquer cette nouvelle méthode de dépistage innovante à d’autres cancers en stade précoce.