ITVET : LE ROLE DU VETERINAIRE SUR LA GRANDE ODYSSEE
TOMOJO était partenaire étape de la 18ème édition de La Grande Odyssée. Pendant 12 jours, 66 mushers concourraient avec leurs 600 chiens athlètes sur une distance de 378km. 600 chiens qu'il faut nourrir, soigner, rassurer : autant de missions qui requièrent une mobilisation intense de toute l'équipe vétérinaire, présente 24h/24 pour l'événement.
Le Dr Frédérique Matignon, vétérinaire ostéopathe sur La Grande Odyssée, nous dévoile les coulisses de la plus difficile course de chiens de traîneaux au monde.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours et votre mission sur La Grande Odyssée ?
Dr F. Matignon : « À la base, je suis vétérinaire en zone rurale et je me suis formée en ostéopathie donc j'ai un diplôme d'ostéopathie vétérinaire. C’est Sandrine Pezard, la cheffe véto de La Grande Odyssée qui m’a demandé, il y a trois éditions de cela, d'y participer en tant qu’ostéopathe. Sur La Grande Odyssée, chaque vétérinaire a son domaine de prédilection et on adore l'ambiance et la gestion du chien sportif. »
C’est quoi une journée type en tant que vétérinaire sur la LGO ?
Dr F. Matignon : « Tout d’abord on arrive avant les mushers le matin pour être prêts à disposer sur le parking. Ensuite, on fait le tour de de tous les équipages pour voir s'il y a des soucis : si c’est un lendemain de course, on pré-établi d’abord une liste de chiens à revoir et en même temps, on fait un double checking pour détecter de potentiels nouveaux problèmes : dans ces cas-là, on va conseiller les mushers, mettre en place des traitements ou éventuellement arrêter un chien s'il ne peut plus courir.
Une fois ceci réalisé et après le débriefing des mushers avant le grand départ, nous, les vétérinaires, sommes souvent sollicités par les équipages pour aider à amener les chiens au traîneau. On contrôle également les identités de certains chiens choisis au hasard pour vérifier que les chiens engagés soient bien les bons.
Une fois les mushers partis, on a une petite pause d'environ 1h. Quand ils reviennent, on va à nouveau contrôler aléatoirement les traîneaux mais on va surtout observer et signaler à nos confrères et consoeurs les boîteries, les problèmes digestifs etc.
Une fois que les meilleurs sont arrivés, on réhydrate les chiens et on va aider l’équipe vétérinaire restée sur le parking à gérer tous ces chiens qui ont éventuellement besoin de nos services. Même processus pour le dernier musher arrivé.
À la fin de la journée, l’équipe vétérinaire se retrouve pour faire le point sur chaque musher et sur ce qui a été observé / signalé en pause courte, en pré-course et en post-course et on prépare la journée suivante. »
Comment prépare-t-on un chien pour une course pareille ?
Dr F. Matignon : « Les chiens sont entraînés progressivement chaque jour pendant plusieurs mois à une saison où il ne fait pas trop chaud. En fonction de la température, ils vont avoir une période de repos, surtout en été. Puis, ils reprennent l'entraînement dès que les températures sont optimum. »
Qu’est-ce qu’on lui donne à manger ?
Dr F. Matignon : « Cela varie en fonction des mushers. Le régime des chiens est bien évidemment fait de croquettes, mais il y a des compléments avec des huiles de poisson, de la viande crue, des compléments alimentaires... Les chiens de traîneaux ont un énorme besoin énergétique et il faut subvenir à leurs besoins, donc ils ont chacun leur protocole à eux. »
Est-ce que – sur ce type de course à mi-distance où les chiens tirent du poids pendant plusieurs jours – les chiens finissent par souffrir ?
Dr F. Matignon : « Tout au long de ces 12 jours de course, les mushers souhaitent que leurs chiens soient en bonne santé et aient envie de courir : on appelle ça le Will to Go. Vous pouvez le voir : les chiens sont surexcités au départ, ils ont envie d'y aller. De toute façon, si l’excitation n’est pas à son summum, les mushers auront des contre-performances donc ils ne vont jamais aller engager un chien qui n’a pas qui n’a pas trop d'appétit et qui n’est pas en forme. Si c’est le cas, on prend évidemment en charge ces chiens-là.
Les mushers sont suffisamment attentifs et connaissent suffisamment bien leurs animaux pour les écarter lorsqu’ils sentent qu'ils ne sont pas d'attaque donc je dirais globalement que les chiens ne souffrent pas. »
Pour finir cette ITVET en beauté, qu’est-ce qui vous donne le Mojo au quotidien ?
Dr F. Matignon : « Le sourire des gens avec qui on travaille ! »