Thibault et Fiona, sa chienne guide : deux athlètes pas comme les autres !
On a interviewé Thibault Trancart, athlète de ski aveugle Suisse et sa chienne guide Fiona : Au programme, le ski, le handicap, la planète et la vie avec un chien !
Quel est ta vision et ta définition de l’handicap?
Je ne pourrai pas donner de définition puisque c’est juste une différence. Cette différence qui nous permet de surmonter des obstacles que l’on pensait infranchissables.
Est ce que tu peux nous décrire ta pratique sportive ?
Mes disciplines sont le Slalom Géant et le Slalom Spécial dans la catégorie des aveugles et des malvoyants. On skie à deux, moi et le guide. La guide est devant avec un micro accroché au casque et un haut parleur sur le dos, elle me crie les instructions et moi je la suis derrière. Je me tais et j’exécute. D’un sport individuel on a fait un sport d’équipe. Il faut qu’on se fasse confiance, ça prend du temps. Le plus dur c’est de se lâcher et de ne pas avoir peur de se prendre une porte. A notre manière on travaille pour plus d’accessibilité !
Parlons de la boule de poil à tes pieds : Fiona! Tu peux nous raconter son histoire?
Le jour où on m’a annoncé que j’étais aveugle (à l’âge de 14 ans) on m’a aussi annoncé que j’allais avoir un chien guide. Cette nouvelle a tout changé pour moi. Elle a été mon chien guide pendant 12 ans mais aussi ma psy, ma pet-thérapie. Maintenant elle est à la retraite mais elle reste toujours près de moi.
Quel a été son acte le plus héroïque ?
Manger toute ma nourriture pour ne pas que je prenne trop de poids (Rires). Non plus sérieusement, quand j’habitais à Montréal, la neige me faisait perdre mes repères en permanence, même avec la canne. Fiona m’a sauvé de mauvaises passes plus d’une fois et m’a permis de garder mon indépendance.
Est-ce qu’elle t’accompagne sur les pistes de ski?
Pas assez souvent selon moi parce que je voyage un peu partout pour les compétitions de ski. Mais dès que je fais une compétition en Suisse, elle m’attend à l’arrivée et c’est toujours une joie.
Du haut de tes montagnes, à ski, est ce que tu as pu développer une conscience écologique sans voir les conséquences du changement climatique?
Du haut des glaciers tu ressens fortement le changement climatique. L’été dernier c’était glauque. A 3500m de hauteur il faisait déjà au dessus de zéro degré et tu entendais les séracs qui se cassent la figure les un après les autres. A 10 heures du matin on skiait dans de la soupe et c’est pas normal. Il y a clairement un problème.
Quel conseil donnerais tu aux propriétaires de chiens guides :
Profite de chaque moment parce qu’au final c’est pas juste un chien. C ‘est bien plus, c’est la personne sur terre qui sait le plus de chose sur toi.
Quel est le programme pour la saison qui vient ?
On a démarré les compétitions en novembre: l’objectif pour moi est de participer à la coupe du monde !
On lui souhaite bonne chance et un énorme merci !